
Du vendredi 16 au dimanche 18 mai, les « 48 heures de l'agriculture urbaine » célèbrent leurs 10 ans avec un programme bien rempli. L'occasion de se demander à quoi sert l'agriculture urbaine avec Clémentine Decroix, chargée de mission au sein de l'Association française d'agriculture urbaine professionnelle.
Comment résumeriez-vous la vocation de l’agriculture urbaine ?
Clémentine Decroix : On perçoit souvent l’agriculture urbaine comme quelque chose de très high-tech. Au sein de l’Association française d’agriculture urbaine professionnelle (AFAUP), on voit que, parmi nos 120 adhérents, elle s’inscrit davantage dans une vocation très sociale, de partage. Il ne s’agit pas de nourrir la ville, même si certaines structures ont une dimension un peu productive. Mais pour un enfant, ou même un adulte d’ailleurs, il va s’agir de comprendre d’où vient le petit pois qui est dans son assiette, d’intégrer la saisonnalité des fruits et légumes. Bref de sensibiliser les urbains à l’alimentation et à la biodiversité. Car, finalement, en ville, on voit très peu le sol puisqu’il est bitumé. L’agriculture urbaine est aussi source de bien-être, physique comme mental, pour les bénévoles qui s’investissent. Ces espaces constituent également des îlots de fraîcheur en ville. Et puis ils permettent de créer de nouvelles vocations chez les urbains, car, à l’avenir, on va avoir besoin d’eux pour reprendre des fermes.
Comment le secteur a-t-il évolué ?
Avec les différentes crises, on s’est rendu compte que c’était un mouvement hyper solidaire. Les structures ne sont pas dans une logique de compétition mais plutôt de penser ensemble. On se rend compte d’ailleurs que les structures qui sont davantage en mode start-up ou, en tous les cas, plus individualistes, mettent la clef sous la porte. Donc je pense que les acteurs de l’agriculture urbaine vont de plus en plus réfléchir et construire en coopération.
En quoi va consister la dixième édition du festival des 48 heures de l’agriculture urbaine ?
Je commencerai par un petit rappel historique : l’événement est effectivement né il y a une décennie en Île-de-France sous l’impulsion de l’association La Sauge. L’idée était de créer un jardin en 48 heures. La Sauge nous a confié ce projet et nous l’avons élargi en ouvrant les fermes urbaines durant 48 heures. En la matière, l’Île-de-France est un territoire assez dynamique. Pour fêter les dix ans, nous avons plein d’événements prévus. Le vendredi 16 au soir à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), si vos lecteurs veulent en savoir plus, il y aura un grand débat sur ce qu’est l’agriculture urbaine. Y sera exposé notre Manifeste « Un quartier, une ferme » à destination des candidats aux municipales de 2026 : 10 propositions pour développer l’agriculture urbaine dans chaque quartier. Le samedi 17 mai, ce sera la grande soirée anniversaire des 48 heures au jardin des Traverses à Paris (18e) avec conférences, concert et DJ sets. Le dimanche 18 mai, à la prairie du Canal à Bobigny (Seine-Saint-Denis), il y aura une grande journée avec plein d’ateliers et un marché des créateurs. Le dimanche également on pourra participer à une rando vélo pour découvrir les fermes urbaines le long du canal de l’Ourcq. C’est aussi tout l’intérêt de ces journées : les fermes urbaines sont souvent des endroits un peu planqués. Ces 48 heures permettent de découvrir un lieu installé sur une toiture ou au fond d’une cour d’immeuble. Cela offre la possibilité de visiter la ville autrement. Et c’est une expérience assez folle !
Infos pratiques : « Les 48 heures de l’agriculture urbaine » du vendredi 16 mai au dimanche 18 mai partout en Île-de-France. Plus d’infos sur les48h.com
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14 mai 2025